Articles

27 Nov 2019

Et si on arrivait à nager ensemble ?

Les températures ont chuté et beaucoup d’entre nous ont déserté les milieux naturels pour s’entraîner désormais exclusivement en piscine. Un retour souvent contraint et forcé qui impose de s’accommoder à nouveau aux joies du partage de ligne d’eau. Alors pour éviter les prises de bec et vivre en parfaite harmonie avec les autres nageurs qu’ils soient rapides, lents, adeptes du papillon ou de la nage indienne, suivez ces quelques règles et apprenez à structurer vos entraînements.

 

Nager en piscine publique nécessite de partager un espace restreint et donc de faire preuve d’adaptabilité. Dans le cas contraire, vous pourriez devenir extrêmement impopulaire dans votre ligne. Quelques règles assez simples permettent à tous finalement, si elles sont appliquées, de nager en bonne intelligence.

Ceci étant dit, rien de ce que nous développerons plus bas ne sera utile, sans un minimum de courtoisie. C’est le point de départ. Lorsque nous nageons en piscine, nous sommes tous dans l’eau pour à peu près la même raison : réaliser quelques longueurs. Et il est bien évident qu’il n’est pas possible de bénéficier de la liberté habituelle qu’offre l’eau libre. Partant de ce principe, essayons de bien nous entendre, de nous sourire et pourquoi pas même d’échanger quelques mots. Cela ne devrait pas nuire pour commencer.

 

Ce principe – au sujet duquel nous serons sûrement d’accord – étant acté, attardons-nous maintenant sur quelques astuces faciles à mettre en place et qui font appel bien souvent au bon sens. Appliquées lors des entraînements des nageurs de club, elles sont tout à fait transposables lors des sessions publiques.

1. Une longueur, c’est 25m… pas 22. S’arrêter à mi-chemin peut-être extrêmement perturbant pour les nageurs qui vous suivent. A moins qu’il y ait une urgence, que vous soyez pris d’une crampe ou que vous ayez perdu vos lunettes, nous vous recommandons donc de faire l’effort d’aller jusqu’au bout et de rejoindre le mur. Dans le cas contraire, faites bien attention de vous arrêter là où vous ne gênerez pas, ou là où le risque d’interférence est le moins important.

Dans la même logique, veillez également à bien terminer chacune de vos longueurs et à nager jusqu’au bord du bassin. Aussi bien pour vous que pour celui qui suit. Chaque mètre non nagé sur une longueur constitue au bout du compte une distance de plusieurs dizaines de mètres en fin de séance. Et que dire sur une année ? On peut donc comprendre facilement la frustration que cela pourrait générer chez les autres nageurs.

 

2. Passe ton permis d’abord. Lorsqu’un nageur moins rapide vous précède, il est préférable de ne pas attendre de lui chatouiller les pieds avant d’envisager un dépassement. Car au-delà des raisons purement de sécurité non négligeables pour les deux nageurs, c’est assez désagréable pour celui qui ouvre la marche. Se pose alors tout naturellement la question de la réalisation de la manoeuvre. Et la réponse à y apporter est assez simple : dépasser en piscine revient à doubler une voiture sur l’autoroute.

Comme lorsque nous sommes au volant, Il est de notre responsabilité de regarder derrière pour s’assurer que personne n’a déjà engagé un dépassement, ne se trouve dans l’angle mort, et de réaliser une manoeuvre rapide et sans danger pour le nageur qui nous précède. Finalement, c’est à vous d’adapter votre vitesse et non à la personne que vous doublez.

 

3. Marre de me faire remorquer ! Si le drafting (technique qui revient à prendre l’aspiration du nageur qui nous précède afin d’économiser ses efforts) est prépondérant en eau libre et plus particulièrement en situation de course, il est beaucoup moins productif en phase d’entraînement en piscine. Aussi, pour éviter trop régulièrement de vous retrouver dans une situation où vous auriez l’impression de vous faire « tracter », qui plus est par un nageur moins rapide, adoptez un espace de plus ou moins 5 secondes avec la personne qui vous précède. A moins que l’affluence dans la ligne d’eau ne vous le permette. Cela suffit généralement à diminuer sensiblement l’aspiration. Bien évidement un écart de 10 secondes, c’est encore mieux. Mais étant donné la fréquentation des piscines, ce n’est pas toujours évident à mettre en place.

 

4. Quelle heure est-il ? Les nageurs des lignes voisines ont des trajectoires de mains un peu hasardeuses et vous en avez assez de prendre des gifles ? Qu’à cela ne tienne, s’ils tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, faites en sorte que votre ligne fasse l’inverse. Cela devrait régler le problème.

 

5. Jouez les caméléons. Préservez l’harmonie, au-delà des quelques règles de vie que nous venons d’énoncer, passe aussi par la capacité à adapter ses séances au contexte parfois difficile de nage en piscine. Apprendre à structurer ses entraînements, c’est désamorcer pas mal de situations conflictuelles avant même qu’elles ne se présentent. Voici quelques exemples :

– S’arrêter après chaque longueur ou tenter de respecter à la lettre les intervalles que vous vous êtes fixés entre chacune de vos séries peut participer à créer de la confusion. Vous comprendriez difficilement pourquoi un nageur arrêté vous double, alors que vous venez à peine d’entamer une nouvelle longueur. Au contraire, donnez-vous du temps et rester souple dans la façon d’appréhender vos entraînements.

– Évitez les changements de rythme soudains et récurrents lorsque la trafic est important. Si vous souhaitez par exemple travailler en fractionné, choisissez une autre ligne ou un créneau moins convoité.

– Renoncez à utiliser du matériel qui peut blesser dans un contexte de ligne surchargée. D’autant plus que la concentration nécessaire pour nager sans blesser les autres vous détournera de votre technique. Préférez donc par exemple utiliser les plaquettes quand la piscine est moins fréquentée. De même, veillez à l’amplitude de votre nage. Les battements de jambes peuvent être dévastateurs pour les autres nageurs.

– Le mur est surchargé ? Qu’à cela ne tienne, plutôt que d’être pris dans les bouchons, préférez travailler votre technique d’eau libre et continuer à nager en tournant sans prendre appui au mur.

 

Vous êtes désormais fin prêt à braver les piscines de l’hexagone à l’heure de pointe. Et souvenez-vous : dans les bassins, bon sens et adaptabilité riment souvent avec harmonie.