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29 Oct 2020

Entretien avec Luc Goubet : « Le samedi matin est devenu pour June le rendez-vous de la semaine »

Ce mois-ci, nous avons échangé avec Luc Goubet, triathlète et nageur en eau libre. Habitué de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Lyon, il a réalisé cette année le 5,5 km accompagné de June, sa chienne Berger allemand âgée de 6 ans. Il nous a fait part de son goût pour la natation eau libre et raconté cette expérience inédite. Rencontre.

 

Bonjour Luc, peux-tu te présenter et nous expliquer comment tu en es arrivé à pratiquer la natation eau libre ?

J’ai 55 ans et je réside près de Lyon. Je suis aujourd’hui gestionnaire de fortune dans un cabinet parisien après avoir exercé parallèlement pendant plusieurs années une carrière de militaire de réserve et de banquier. J’ai toujours été sportif et j’ai beaucoup pratiqué la course à pied et le trail. J’ai débuté le triathlon il y a un peu moins de 10 ans, au club d’Oullins (Oullins Triathlon), mais la natation est loin d’être la spécialité où j’ai le plus de facilité. Au début, je ne maitrisais que la brasse. Après avoir réalisé en 2012 mes premiers triathlons dans cette spécialité, je me suis décidé à apprendre le crawl pour aujourd’hui avoir un niveau moyen/correct. Cela m’a permis de participer à des Half Ironman, puis à mon premier Ironman.

J’ai découvert la natation eau libre grâce à mes entraînements de triathlon avec les copains du club. Nous allions nous entraîner dans les plans d’eau de Miribel Jonage et Anse, situés à proximité de Lyon dans des zones naturelles très sympas. Mais plus précisément, en tant que banquier, j’allais souvent à la foire d’art contemporain de Bâle et j’étais fasciné par ces gens qui descendent le Rhin au cœur de la ville en se laissant porter par le courant équipés de leurs bouées. Ces bouées sont de gros sacs étanches dans lesquels l’on peut mettre ses effets personnels. Nous n’en trouvions pas en France à l’époque. C’est cela qui m’a donné l’envie de descendre nos cours d’eau lyonnais. En 2017, nous avons décidé avec des amis triathlètes de nager dans la Saône et le Rhône bien que cela soit interdit. Nous allions nager à partir de 7h00 du matin, quand la navigation n’avait pas encore repris, avec des bouées de sécurité, en colonne et en silence. Nous préparions nos sorties de façon très militaire. Il nous est arrivé de croiser des patrouilles de police sur les quais sans qu’il y ait de conséquences, et étonnamment nous n’avons jamais rencontré la brigade fluviale. Ce fut de belles expériences en tout petit comité, et cela m’a fait prendre conscience que les gens devaient se réapproprier leurs cours d’eaux et être attentifs à l’environnement.

Comment as-tu eu l’idée de participer à l’Open Swim Stars Lyon avec ton chien ?

Avant d’avoir ma chienne berger allemand, j’ai eu un batard croisé braque/labrador, donc à priori plutôt un chien d’eau, mais je n’ai jamais pensé nager avec lui. Par contre, nous courions beaucoup ensemble sur des semi-marathons et des trails parce qu’il était très endurant. Ce qui n’est pas le cas de June, qui au bout de 10 km n’avance plus. Un jour je l’ai vue nager en lac alors qu’elle courait après les canards. Elle les suivait pendant un long moment et cela m’a interpelé. Mais ce n’est que 2 ans plus tard que je l’ai mise à l’eau lors de mes entraînements d’eau libre en lac. Comme je la voyais peu du fait de mes déplacements à Paris en semaine, et de mes entraînements vélo et course à pied le week-end, ce fut un moyen pour moi de partager un moment avec elle. Au début, elle me suivait sur de petites distances et voulait systématiquement regagner le bord. Elle nageait également trop près de moi et elle m’a même arraché 2 fois ma combinaison Néoprène. Nous avons donc tâtonné au départ, mais rapidement le samedi matin est devenu pour elle le rendez-vous de la semaine où elle prenait plaisir à nager près de moi sur de plus longues distances. Après les sorties en lac nous sommes allés nager dans la Saône. Cependant la chienne fatiguait vite et cela écourtait mes sorties. Après quelques recherches, j’ai trouvé un modèle de harnais équipé de plaques de mousse, ce qui facilite la flottaison du chien. Comme elle est toujours en suspension nous avons pu nager ensemble plus longtemps.

Et comment s’est passée la participation au 5,5 km de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle ?

Après que vous ayez acceptés que je puisse participer à l’Open Swim Stars avec elle, nous nous sommes entrainés tout l’été en lac sur des distances pouvant aller jusqu’à 3 km. Je me suis dit que c’était jouable et qu’elle était capable de nager avec moi sur le 5,5 km, même si votre équipe a eu quelques réticences sur la distance choisie. Le matin de l’épreuve la chienne était très excitée. Elle multipliait les crottes mais j’avais tout prévu en emportant avec moi des sacs en plastique. Au moment du départ, il y a de nombreux concurrents qui sont venus vers nous spontanément. Il y avait une forme d’incrédulité avec la question récurrente de me demander si j’allais nager avec mon chien. Il y a eu beaucoup de bienveillance, avec au pire de l’indifférence et au mieux de la sympathie. Pour ne pas gêner les autres concurrents et qu’elle n’abime pas leurs combinaisons, nous nous sommes élancés dans les derniers. Comme c’est un chien de berger, elle s’inquiète facilement et a tendance à aller naturellement vers les autres nageurs. J’avais donc pris une longe de SwimRun pour éviter cela. La course s’est bien passée. Je l’ai beaucoup accompagnée et ne l’ai jamais quittée des yeux, ce qui m’a amené à avoir une nage pas très académique, notamment sur la fin de l’épreuve où le courant était moins fort. A l’arrivée, un ami triathlète et des nageurs présents m’ont aidé à hisser la chienne hors de l’eau sur le ponton, ce qui n’a pas été évident. En revanche je pense que les 5,5 km ont été un peu longs pour elle, et je ne sais pas si l’année prochaine je réitérais l’expérience sur la même distance. Il est probable que je me contente du 3,5 km. Malgré tout, je suis rassuré qu’elle ait réussi l’épreuve, et je n’ai plus l’appréhension de l’amener sur de longues distances. Et puis l’idée de faire nager June régulièrement plaît bien au vétérinaire, parce que les bergers allemands sont souvent sujet à la paralysie du train arrière. Cela va lui permettre certainement de conserver une bonne mobilité tout au long de sa vie.

As-tu eu des commentaires ou retombées à la suite de l’épreuve ?

A la suite de ma participation, j’ai posté sur ma page Linkedin le reportage de BFM Lyon réalisé sur l’épreuve. Cela a suscité beaucoup de commentaires dans le cadre de mon activité professionnelle, notamment lors des réunions avec mes partenaires financiers. Les premières réactions étaient systématiquement qu’ils m’avaient vu nager avec mon chien, et cela a amené beaucoup de questions sur cette aventure. C’était très rigolo.

A t’écouter, Il semble que tu aies également une conscience écologique très prononcée. D’où cela te vient-il ?

Aussi loin que je me souviens, j’ai toujours eu une appétence pour l’eau. Je suis un ancien adepte de la pêche sportive en rivière, et j’allais où personne n’allait. Je descendais des cascades en rappel. Grâce ou à cause de cela, j’ai toujours conservé un intérêt pour la préservation de l’eau, et plus largement une sensibilité environnementale très forte pour le milieu aquatique. Je parle beaucoup de mes expériences en eau libre, et la première réaction des gens est toujours de me dire que l’eau du Rhône ou de la Saône est sale. Et bien pas du tout. La Saône est une rivière qui serpente et au pire elle est colorée par les alluvions lors des fortes pluies. Quant au Rhône, c’est un fleuve dont l’eau est encore plus claire parce qu’il est alimenté principalement par de l’eau de torrents, surtout au niveau de Lyon. Cela m’amène à beaucoup communiquer sur le milieu aquatique. Si mes expériences peuvent aider à améliorer la perception que chacun a des cours d’eau qui traversent Lyon, et bien j’aurai rempli la mission à laquelle je m’emploie depuis maintenant 4 ans. De plus, lors de chacune de mes sorties eau libre, j’emporte avec moi un sac dans lequel je dépose les déchets que je rencontre sur mon parcours. J’ai même retrouvé récemment un très beau portefeuille qui venait juste d’être jeté d’un pont, certainement par un voleur. Malheureusement il était vide et je n’ai pas pu le rendre à son propriétaire.

Enfin, tu as participé à plusieurs éditions de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Lyon. Peux-tu nous faire un retour d’expérience ?

En 2018, j’ai participé à mon premier Open Swim Stars et j’ai beaucoup aimé l’ambiance. Nous étions plusieurs triathlètes de mon club à y participer. Et cette année, grâce au « bouche à oreille », nous étions plus d’une dizaine. Cela est en passe de devenir le rendez-vous de l’été pour nous. Enfin pour terminer, j’ai une anecdote amusante : cette année, 15 jours avant l’épreuve, lors de l’une de mes sorties dans la Saône, j’ai croisé à 7h00 du matin un type qui courait sur les quais de Saône. Il m’a demandé pourquoi je nageais là. Je lui ai dit que je préparais l’Open Swim Stars, et il m’a avoué qu’il était le nouveau Responsable marketing régional d’Harmonie Mutuelle et qu’il allait également nager l’épreuve. J’ai éclaté de rire. Cela ne pouvait pas mieux tomber !