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3 Avr 2020

L’interview de la semaine : entretien avec Coralie Balmy

Cette semaine, nous avons échangé avec Coralie Balmy, nageuse médaillée olympique et mondiale, qui soutient notre action en faveur de la Water Family. Elle est aujourd’hui directrice de l’association Be Green Ocean*, qui intervient dans la préservation des océans en alliant les valeurs du sport aux valeurs de la nature et de l’environnement. Rencontre.

Bonjour Coralie, comment vas-tu en cette période de confinement ?

Ça va bien, j’ai pris le pli. Je suis en Martinique chez mes parents. Et si d’ordinaire le programme, quand je suis ici, est plutôt orienté vacances, avec sorties à la plage, plongée et balades, ce n’est en ce moment plus du tout le même contexte. Il faut se mettre au travail. C’est une nouvelle organisation à trouver. Mais la maison est grande avec un jardin et un chemin privé pour les balades. Cela permet de travailler dans de bonnes conditions.

Quelles sont tes activités professionnelles en ce moment ?

Je travaille beaucoup pour mon association. Avec tous les nettoyages de plage effectués cet hiver, nous avons réalisé des reportages photos que nous avons nommés « L’emballage pas sur la plage ! ». Une première série de photos va être diffusée sur les réseaux sociaux, puis ensuite par le biais d’une exposition itinérante. L’objectif est de montrer les différents déchets collectés, du plus commun au plus insolite, et de sensibiliser le grand public. C’est un moyen de continuer à être présent malgré l’impossibilité de mener des actions de terrain, mais aussi d’aider à faire réfléchir chacun à l’impact que nous avons sur notre environnement. Cette période de confinement doit être un moment profitable pour nous amener à penser différemment l’avenir.

Avec aucune possibilité de sortie, penses-tu que nous aurons moins de déchets sur nos plages une fois qu’elles seront rouvertes ?

Non pas forcément. En plus des déchets qui s’amoncellent suite aux coups de mer, il y a ceux qui restaient bloqués dans nos fleuves et rivières, mais aussi tous ceux qui proviennent de la terre et qui continuent de se déposer régulièrement avec le vent. Alors non, il y aura du travail dès que les plages seront rouvertes. Mais il est vrai que l’on constate déjà moins de pollution atmosphérique, une meilleure qualité de l’air et que la nature reprend ses droits, comme à Venise par exemple, ce qui nous permet d’être confiants en l’avenir. Cela rassure et fait du bien. Quoiqu’il arrive, la nature aura toujours le dernier mot.

Tu interviens en Métropole avec ton association, mais as-tu des projets en Martinique ?

Oui, je viens de créer l’association COCO AN DLO.  Elle sera active auprès des enfants des écoles primaires avec l’objectif de les sensibiliser à l’écologie. J’interviendrai d’ailleurs à partir de septembre prochain pour leur apprendre à trier les déchets. Je les emmènerai aussi en mer pour leur faire découvrir la faune, et leur montrerai la beauté et la richesse de nos terres et de notre environnement. Le but est clairement de « marquer » les enfants, de leur faire vivre une expérience dont ils se souviendront toute leur vie.

Malgré toutes tes occupations et le confinement, arrives-tu tout de même à te maintenir en forme physiquement ?

Oui, je me lève tous les jours à 6h00, parfois plus tôt encore, et je débute ma journée par 30 minutes à trois-quarts d’heure d’activité physique. Ensuite c’est toute la journée assise sur une chaise avec envoi d’e-mails et échanges téléphoniques pour le suivi de mes activités en métropole. Puis, pour clore ma journée, je m’attaque à une seconde session de trois-quart d’heures d’exercices.

Et quels sont les exercices que tu privilégies quotidiennement ?

Le matin, c’est un mix d’exercices avec le poids du corps comme des squats pour le renforcement musculaire, mais également du yoga pour les étirements. En soirée, ce sont des exercices de cardio essentiellement, avec corde à sauter, sauts et d’autres exercices qui font travailler l’endurance. En fait, je fais finalement plus de sport en cette période que d’habitude.

Tu n’as pas encore eu l’occasion de participer ou assister à un Open Swim Stars Harmonie Mutuelle, mais que penses-tu de l’engouement des nageurs pour la natation eau libre ?

Je regarde ça d’un bon œil. C’est bien que les gens puissent nager en milieu naturel et trouvent une alternative à la piscine. Beaucoup de nageurs n’aiment pas nager en bassin, pour les simples et bonnes raisons que nous sommes en intérieur, collés les uns aux autres et soumis à des horaires stricts… Redécouvrir nos espaces naturels, c’est super. Se réapproprier respectueusement la nature, c’est une bonne chose. Et puis nous avons de supers coins en France.

Toi qui a créé une association dans le domaine de la défense de l’environnement, comment perçois-tu notre engagement auprès de la Water Family ?

Je pense que c’est une bonne chose que les organisateurs d’événements soutiennent des causes comme vous le faites. Cela permet de sensibiliser les participants. J’espère que cette crise sanitaire va faire prendre conscience à tous ceux qui organisent des manifestations grand public qu’ils doivent s’engager encore plus fort. Les gens attendent que nous leur apportions des solutions, il ne faut pas attendre d’eux. Les actions à mener doivent être simples pour que chacun puisse s’engager ou participer. En ce qui concerne la Water Family, elle a tous les outils et programmes pour aider les nageurs qui souhaiteraient les soutenir.

Au-delà des 1 euro que nous reversons par participant, de la réduction au maximum de notre empreinte environnementale et des opérations de sensibilisation, quelles actions pourrions-nous mener, selon toi, pour engager les nageurs plus activement ?

A mon avis, à terme, il faut que les organisateurs parviennent à organiser des opérations de nettoyage avant et/ou après leurs événements. Proposer une réduction sur l’inscription ou des avantages si les nageurs donnent des vêtements et des équipements sportifs dont ils n’ont plus besoin, mais qui peuvent encore être utiles à d’autres, sont des pistes à étudier. Et tout cela au bénéfice d’associations, type Emmaüs par exemple.

Pour terminer, as-tu conservé des contacts avec le monde de la natation, et quel est ton regard sur la situation de la natation française aujourd’hui ?

J’ai seulement gardé des contacts avec les nageurs de ma génération et mes entraîneurs. Je prends régulièrement de leurs nouvelles. Mais je regarde tout cela vraiment de loin maintenant, même si j’avais prévu d’aller aux qualifications olympiques. Pour autant, j’ai passé un diplôme l’année dernière qui me permet d’organiser des stages de natation en mer et d’encadrer mes interventions dans les écoles quand elles débuteront, mais sans aucune ambition d’y revenir. Et même si je ne suis plus du tout impliquée, je trouve que la natation française n’est pas très différente aujourd’hui que lorsque je l’ai quittée il y a 4 ans. Les jeunes ont toujours cette même envie de gagner, la même volonté de monter sur les podiums que celle que nous avions. Ils n’ont pas peur d’affirmer qu’ils souhaitent être champion olympique, et cela est très rassurant pour l’avenir et les JO à Paris.

* Be Green Ocean

@ : https://www.begreenocean.org

Instagram : www.instagram.com/begreenocean