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10 Avr 2020

L’interview de la semaine : entretien avec Malia Metella

Cette semaine, nous avons rencontré Malia Metella, vice-championne Olympique à Athènes en 2004 sur 50 m nage libre. Aujourd’hui, elle est Chargée Hospitalité chez l’assureur Allianz pour qui elle gère les invitations clients des matchs de Top 14 de Rugby et de Ligue 1 de Football. Ce qui ne l’empêche pas de jongler avec de nombreux autres projets.

Bonjour Malia, comment vas-tu en cette période de confinement ?

Je vais super bien. J’ai même encore plus de boulot que d’ordinaire ! Tout le monde pense que parce que nous sommes enfermés, nous sommes disponibles. Donc finalement, je suis amenée à gérer beaucoup plus d’appels que d’habitude. Pour le reste, je n’ai pas beaucoup changé mes habitudes : je commence ma journée par un peu de sport, puis j’enchaîne des « confcalls » qui n’ont pour la plupart rien à voir avec ce que je fais chez Allianz. En effet, je suis actuellement en congé suite à la fermeture des stades pour lesquels je gère d’ordinaire les loges, et notamment celles de l’Allianz Riviera de Nice.

Puisque ton activité professionnelle est mise entre parenthèses, sur quoi travailles-tu en ce moment ?

J’accompagne le lancement d’une start-up qui démarrera en septembre et qui s’appelle « Sportall« . Elle va permettre la diffusion de sports qui n’ont pas la possibilité de s’offrir de grosses productions. Nous travaillons en amont avec les organisateurs pour définir leurs besoins suivant leur budget et leur cahier des charges. Nous déployons ensuite les moyens vidéo en produisant nous-mêmes les images, ou en sélectionnant des sociétés de production locales. La retransmission a lieu pour le moment en live ou en streaming sur YouTube, avant de pouvoir retransmettre prochainement sur notre propre application. Pour faire vivre l’événement, et lui apporter davantage d’audience, nous avons la possibilité d’extraire les meilleurs moments ou les interviews au cours du direct, et de les diffuser instantanément sur les réseaux sociaux de l’organisateur. Dans cette aventure, mon rôle sera de gérer les ambassadeurs de l’entreprise. Actuellement, 2 athlètes féminines font parties de la Team : Justine Dupont, surfeuse, et Nouria Newman, kayakiste de l’extrême.

Parallèlement, je suis aussi Ambassadrice de « Savanes de Guyane  » et nous sommes en préparation d’un voyage de presse. Et enfin, je vais très prochainement démarrer des « Lives » avec d’anciens sportifs de haut niveau, avec l’objectif de faire prendre conscience aux plus jeunes que le sport de haut niveau, c’est bien, mais qu’il est important de préparer sa reconversion dès le début de sa carrière.

Avec tes journées bien remplies, comment t’organises-tu pour continuer à faire du sport ?

Pour démarrer la journée, je fais depuis plusieurs années du fitness chaque matin à partir de 6h30. J’en ai besoin pour garder la forme et parce que mon corps commençait à me lâcher. Je varie les exercices en fonction de l’humeur et de la forme du matin. Ils sont généralement axés sur un travail d’abdos, de fessiers, de gainage et de cardio en fractionné. Pour m’aider, je regarde en replay depuis 4/5 ans les émissions « Gym Direct » sur C8. Chaque émission dure de 26 à 30 minutes, échauffement et étirements compris : c’est un timing parfait pour rester motivée !

Et la natation dans tout ça ?

Alors là, non ! (rires) J’évite la natation, j’évite, je ne peux plus. En fait, je n’ai plus de plaisir à aller dans une piscine, et à nager pour nager. Mais je ne ferme pas la porte à un retour pour le plaisir. On verra !

Pour la petite histoire, tu es la première nageuse de haut niveau à avoir été présente lors d’un Open Swim Stars Harmonie Mutuelle. C’était lors de la première édition à Paris. T’en souviens-tu et qu’en retiens-tu ?

Oui je m’en souviens, c’était génial. Après avoir entendu parler de l’événement, j’ai trouvé l’idée sympa de nager en plein Paris dans le bassin de la Villette et j’ai voulu aller voir. Pour moi, c’est comme les courses sur route. Les gens participent avant tout pour le plaisir et pour découvrir une nouvelle discipline. Et j’y ai même retrouvé une nageuse qui nageait avec moi en Guyane ! Sortir des piscines en proposant des épreuves de natation en milieu naturel, cela est très positif. Les gens ont besoin de défis, de challenges, et vos événements ont permis cela partout en France. Aujourd’hui, la natation, comme la randonnée, l’escalade et le VTT par exemple, est un sport que l’on peut pratiquer en milieu naturel et en famille, et c’est une bonne chose.

En tant qu’organisateurs des Open Swim Stars Harmonie Mutuelle, nous sommes engagés dans la préservation de l’eau et de l’environnement. A ton niveau, as-tu une démarche éco-responsable au quotidien ?

Bien sûr ! Je suis engagée auprès du WWF à Paris et je suis intervenue dans les écoles en Guyane pour faire prendre conscience aux enfants de l’importance de préserver notre écosystème. Et dans ma vie personnelle, je me suis mise à fond au tri, je n’achète plus d’eau en bouteille plastique, je mets ma machine à laver le soir, et n’ayant pas de voiture, j’utilise les transports en commun. Récemment, un bac à compost a été installé dans ma résidence : j’y dépose mes épluchures.

C’est un effort de chaque jour qui n’a pas été simple au début. Tous les jours, tu dois faire un petit geste, et à la fin, il devient simple et routinier sans que cela soit au final une corvée. La prochaine étape pour moi sera de faire mon propre produit pour la lessive. On verra ce que ça donnera.

Pour terminer, tu as fait partie des nageurs qui ont connu ces dernières années la période glorieuse de la natation française. Quel regard as-tu sur celle d’aujourd’hui ?

Je pense que la natation française n’est pas prête pour les Jeux Olympiques de Tokyo, mais qu’elle le sera pour ceux de Paris. Après les JO de Londres, il y a eu une génération qui a cru qu’il était possible de réussir en faisant le minimum. Et on le paye aujourd’hui. Au contraire, il aurait fallu continuer à travailler dur, voire même à être encore plus exigeant, comme l’a compris Philippe Lucas avec les nageurs d’eau libre. Les nageurs de ma génération ont dû élever leur niveau grâce à Claude Fauquet, l’ancien Directeur Technique National, qui a su imposer des temps de qualification très stricts après les JO de Sydney. Si tu ne faisais pas le temps, tu restais à la maison, que tu sois médaillé ou pas ! En passant par des temps élevés de sélection pour les prochaines échéances, nous aurons des nageurs performants dans 4 ans.