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17 Juil 2020

Entretien avec Yannick Agnel : « Je m’étais remis à nager spécialement pour le 5 km à Paris. Mais ce n’est que partie remise ! »

Cette semaine, nous avons échangé avec Yannick Agnel, notre double champion olympique et parrain pour la deuxième année de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Paris. Il nous parle de son quotidien bien rempli, entre ses activités dans les médias, son engagement aux côtés des enfants ou encore son équipe e-sport. Avec toujours un fil rouge : le partage. Rencontre.

 

Bonjour Yannick, l’année dernière tu étais présent sur notre événement parisien, mais nous n’avions pas eu la chance d’échanger avec toi. Peux-tu nous dire comment tu vas et ce que tu as fait depuis l’arrêt de ta carrière après les JO de Rio en 2016 ?

Ça va bien. Les quatre années depuis mon arrêt se sont bien passées dans la mesure où j’avais pris la décision de mettre fin à ma carrière après les Jeux Olympiques de Rio, et que je trouvais de plus en plus difficile d’être enfermé dans le carcan de la natation. Pour autant, mon idée de départ avait toujours été de mettre fin relativement jeune à ma carrière de nageur, tellement j’avais de choses à faire et explorer. Ce qui fait que j’étais en plein accord avec moi-même.

Dès mon arrêt, j’ai pris des cours à Dauphine et développé plusieurs activités. Je suis notamment manager d’une équipe e-sportive, mais je reste connecté à la natation en assurant les commentaires des grandes compétitions pour France Télévisions. J’ai monté avec Sophie Kamoun l’association « Nageurs et Citoyens », qui incite les enfants à nager, et cela dans plusieurs villes de France en impliquant les nageurs de l’équipe de France. Je participe régulièrement à des émissions de radio ou de TV, notamment sur une chaîne présente sur internet qui se nomme  « Le Stream ». C’est une sorte de Morning Live mais en plus neuf ! J’interviens également dans les entreprises sur des sujets aussi variés que le management, la performance ou la cohésion d’équipe. Et enfin, j’ai écrit un roman jeunesse l’année dernière qui s’appelle « Yann ». Toutes ces expériences sont très enrichissantes et m’occupent à plein temps.

On peut donc dire que tu es un véritable touche-à-tout !

Touche-à-tout, oui dans la mesure où j’aime faire ce que je fais et que je suis au service des autres. J’aime créer, partager mes expériences et que l’on puisse s’entraider. J’ai lu récemment une phrase de Yannick Noah qui dit que les sportifs avaient un destin de rassembleur. Je trouve l’image assez belle et assez juste. Sans s’envoyer de fleurs, les sportifs de haut niveau ont la chance de pouvoir briser la glace facilement avec les gens, et procurer des émotions. Si l’on peut être des passeurs d’émotions, que ce soit pour certains au travers de la chanson ou du sport, cela sera toujours positif. Je m’évertue à être ouvert à beaucoup de choses et aux gens, avec toujours en fil rouge le partage.

Écrire un livre n’est pas commun pour un sportif, qui plus est un roman. C’est un roman autobiographique ?

C’est un roman jeunesse, et l’enjeu de ce livre était d’essayer d’intéresser la jeunesse à la lecture en abordant des sujets qui les touchent, comme le sport, les jeux vidéo ou des faits d’actualité. Même si le livre n’est pas particulièrement engagé, il pose des questions sur notre société et a la modeste ambition d’apporter un éclairage sur notre temps. Mais je me suis surtout bien amusé à écrire des choses complètement loufoques, qui du coup amènent de nombreuses personnes à me demander qu’elle est la part du vrai ou de la fiction.

Les sportifs de haut niveau sont souvent recherchés par les entreprises pour échanger avec leurs collaborateurs. Quels sont les sujets sur lesquels tu es particulièrement sollicité ?

Cela est très variable. Certaines entreprises me sollicitent sur un sujet précis et me demande un regard extérieur sur leurs problématiques, presque comme un consultant. Mais la plupart du temps, je suis présent lors de congrès ou conventions dans lesquels je fais part de mon expérience du sport de haut niveau et de la notion de performance. Au départ, ce n’était pas un exercice évident pour moi. Cela ne se voit peut-être plus, mais je suis quelqu’un d’introverti et ça a été un véritable challenge de me présenter devant une assemblée. Mais en étant sincère et authentique, il y a une véritable bienveillance de la part de l’auditoire. Je fais part de mes réussites, mais également des difficultés que j’ai pu rencontrer, comme celles que j’ai vécues après mes titres à Londres avec l’obligation de remise en question. J’ai beaucoup appris de ces expériences d’échange et de partage avec les entreprises. C’est une petite partie de mon activité, mais c’est vraiment très fort.

Comment arrives-tu à gérer ton emploi du temps chargé ?

Je le gère comme je peux (rires). J’ai eu beaucoup de mal au début à comprendre comment m’en sortir seul, mais le fait d’avoir été sportif de haut niveau te donne le sens de la discipline et de l’organisation. Et puis, je trouve très chouette de me dire que chaque jour je peux avoir une casquette différente, comme un acteur change de fringues et de rôles. En évitant les excès et en conservant une vie de jeune homme fringuant (rires), cela se fait assez facilement, et sans trop de contraintes. Pour autant, je continue à me faire aider par mon indéboulonnable et extraordinaire agent Sophie Kamoun, qui me soutient sur certains de mes projets, ou par les nouvelles personnes qui m’entourent. J’ai acquis petit à petit de plus en plus d’autonomie, notamment quand il s’agit de répondre à mes mails, de gérer l’administratif ou de prendre mon téléphone pour proposer des projets. C’est extraordinaire comme sensation quand tu te donnes les moyens et que cela fonctionne. Notamment quand tu travailles en équipe, même si j’ai conscience d’avoir eu la chance d’obtenir quelques titres intercontinentaux qui m’ouvrent plus facilement les portes. Les plus beaux projets ne se font jamais seul, même quand tu es derrière ton plot de départ ou que tu écris un livre.

As-tu arrêté de nager, et si oui pratiques-tu une autre activité régulière ?

J’ai arrêté de nager régulièrement, même si c’est ce que j’ai le moins de difficulté à pratiquer. J’aime le sport en général et je ne suis pas sectaire. Dès que l’on me propose un foot, un tennis, ou une sortie vélo, c’est avec grand plaisir. Le plus important pour moi quand je fais du sport est que ce soit ludique et plaisant. C’est la raison pour laquelle je nageais. Avec toutes mes activités aujourd’hui, j’ai plus de mal à pratiquer de façon régulière, même si je marche beaucoup et fait du vélo pour me déplacer. Et ce n’est pas dit que d’ici quelques années, je me remette à l’eau pour le plaisir. La natation, c’est plus qu’un sport pour moi, c’est un vecteur de bien-être.

Tu étais le parrain déjà l’année dernière de l’Open Swim Stars Harmonie Mutuelle Paris. Comment as-tu vécu cette première expérience à nos côtés ?

C’était très chouette. C’est un événement rassembleur de gens différents comme peut l’être un marathon ou un triathlon. Je trouve qu’il y a une beauté de voir le regard des gens avant leur épreuve, comme à l’arrivée. Il y a un véritable partage et un esprit bon enfant. C’est extrêmement chaleureux. J’ai trouvé cela très touchant et engageant. Cela m’a donné envie d’être à leur place et de vivre ce moment avec eux. Sans cette crise du Covid, j’aurai participé cette année pour relever le défi de nager le 5 km. Je m’étais remis à nager spécialement pour l’épreuve, mais ce n’est que partie remise pour 2021.

Enfin, j’ai tenu à être présent cette année à vos côtés car je sais que ce n’est pas évident pour votre organisation de prendre en compte les mesures sanitaires. Avec votre événement, vous allez démontrer à tous que c’est possible de reprendre une activité sportive dans ce contexte, tout en restant très professionnel. Être présent pour moi est un encouragement pour tous ceux qui ont permis que votre événement se tienne. Que ce soit la municipalité de Pantin, Est Ensemble ou vos partenaires, comme Harmonie Mutuelle.